Le story-board ou scénarimage

Pourquoi un story-board ?

La production d’un film, d’un clip, d’un dessin animé utilise de gros budgets. La réalisation d’une bande dessinée occupe une ou plusieurs personnes sur de longues périodes. On comprend assez vite que la création d’un story-board (ou scénarimage) peut être relativement rapide et n’entraîne pas de coût exorbitant. Un dessinateur, du papier, du matériel de dessin et du talent pour dessiner vite et bien suffisent à obtenir un outil qui peut orienter des choix d’organisation et de planification, des choix budgétaires et des choix créatifs. Il est également un outil d’échange entre les intervenants du projet.

Préparation

La réalisation du story-board est souvent précédée par de premières approches sous forme d’esquisses, de layouts, de thumbnails… Ces premiers jets réalisés permettant de premières évaluations, on peut passer à la réalisation du story-board qui en bande dessinée s’appelle quelques fois aussi le découpage. La particularité du découpage d’une bd destinée à l’impression par rapport au story-board pour écran, est que le format écran nécessite une suite de dessins au format fixe. Le découpage du projet d’une planche bd est déjà une mise en scène exploitant les possibilités de mise en page du support imprimé.

Mise en page

Les cases d’une planche doivent exploiter les possibilités de créer un rythme grâce à leur forme, leur taille et leur placement. En occident le lecteur s’attendra à suivre l’ordre des cases de gauche à droite et de haut en bas. Cette attention apportée au suivi de l’œil du lecteur est également conseillé pour le placement des bulles qui doit guider la perception. Il faut veiller à ne pas entraîner de confusion sur le sens de lecture tout en évitant de mettre ses grosses flèches de direction. Le découpage peut utiliser comme toute mise en page structurée, le principe modulaire de la grille. Il est possible par exemple d’employer une grille de neufs cases avec de nombreuses possibilités de montage.
La grille est elle-même découpée en strips horizontaux de plusieurs cases. Les emplacements de cases à leur tour peuvent être découpés en plusieurs petites cases rythmant la narration. Le montage des cases offre la possibilité de les juxtaposer, superposer, incruster dans d’infinies possibilités. La limite étant toujours la lisibilité.Grille gabarit bd

Ces considérations sont valables pour la bd imprimée et la bd numérique simple copie de la version papier. Les webcomics peuvent utiliser les nombreuses possibilités du multimédia en intégrant de l’animation, de l’interactivité avec des choix narratifs, etc. La lecture peut se dérouler par planche mais aussi par case avec éventuellement un scrolling continu, ouvrant en cela de nombreuses possibilités. Mais la bande dessinée a depuis plusieurs décennies utilisé ses propres codes ou les a empruntés pour suggérer la parole, le son, le mouvement, le temps qui passe… Comment définir précisément la bd dans le cadre du numérique d’aujourd’hui ? Le story-board pour la bd pourra ressembler à celui d’un jeu vidéo cherchant à apporter une expérience de gameplay. Le story-board devra aussi intégrer des méthodologies du dessin animé. Pourra-t-on encore parler de bd ?

La narration

De préférence, le scénariste a préparé un séquencier constitué d’un résumé de chaque page. Cela permet un premier contrôle sur le placement d’une chute, d’un suspense en fonction de la pagination. En effet le lecteur tourne les pages impaires pour lire la suite de l’histoire.

Le séquencier permet aussi de suivre le rythme de l’histoire, de contrôler la longueur des séquences qui ont une unité de lieu, d’espace et d’action. Plus il y aura de séquences, plus le rythme de l’histoire sera rapide.

Éléments techniques

Le scénariste dans sa description des cases a sans doute évoqué le type de cadrage souhaité. C’est le moment pour le dessinateur de tester les différentes possibilités de cadrage (gros plan, plan américain, plan large), la composition, les angles de vue (plongée, contre-plongée, débullée, etc.). On peut à ce stade essayer de simuler les mouvements de caméra du cinéma même avec les images fixes de la bd. On peut également suggérer le temps qui passe avec la forme des cases ou leur nombre pour une même action.Storyboard et découpage bd

Conclusion

Ici ont été présentées quelques considérations sur cet outil collaboratif qu’est le story-board (scénarimage). Il permet une meilleure communication entre les intervenants d’un projet souvent au long cours. Il permet de préparer des actions de promotion et pourra devenir objet de collection car il possède cette esthétique vivace provenant de sa spontanéité.

Pour plus d’informations, vous pouvez lire dans la collection « Les manuels de la bd » « La réalisation du storyboard » de J.M. Lainé et Sylvain Delzant aux éditions Eyrolles ainsi que « L’art du story-board » de Giuseppe Cristiano aux éditions Eyrolles. En 2003, il existait un magazine paru en seulement cinq numéros du nom de « Storyboard » chez Alvisa Éditions. En 2016 est paru « Bande dessinée et numérique » CNRS, Les Essentiels d’Hermès, un ouvrage collectif sur la bd numérique.

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